Archives de Tag: quartier latin

Petites cartes postales du passé

Bientôt l’été, la saison des cartes postales. L’occasion d’avoir des nouvelles de notre Quartier latin d’antan, qui nous en a envoyé quelques unes. Nous sommes allés vérifier ce qu’il devenait sur Street View, l’application phare de Google Maps. Confrontations spatio-temporelles.

La place Saint-Michel, vers 1865

La place Saint-Michel, vers 1865

A tout seigneur, tout honneur: on entame ce tour d’horizon par la place Saint-Michel, porte d’entrée symbolique du Quartier Latin. La fontaine règne déjà avec majesté sur ce qui n’est alors qu’un petit lieu de passage pour fiacres et tramways.

La place Saint-Michel, aujourd'hui

La place Saint-Michel, aujourd'hui

Les piétons désinvoltes d’hier y réfléchissent désormais à deux fois avant de traverser la place. La fontaine semble s’effacer derrière le vacarme de la circulation. Ce qui ne déplaira sans doute pas aux Parisiens qui conspuent ce monument de mauvais goût. Le baron Haussmann avait commandé un édifice à Gabriel Davioud afin de combler un espace vide inesthétique. Ce devait à l’origine être une statue de Napoléon, mais le choix se porta finalement sur une représentation de Saint-Michel terrassant le Diable. Dès l’inauguration de la fontaine, en 1860, les quolibets s’élevèrent. Dans son Dictionnaire du Diable, Roland Villeneuve cite ce quatrain anonyme :

« Dans ce monument exécrable,
On ne voit ni talent ni goût.
Le Diable ne vaut rien du tout ;
Saint Michel ne vaut pas le Diable. »
Le 52, rue Saint-André-des-Arts au début du siècle

Le 52, rue Saint-André-des-Arts au début du siècle

Partant de la fontaine Saint-Michel, la rue Saint-André-des-Arts était une petite voie populaire et commerçante, entre les grandes artères haussmaniennes. Elle l’est restée jusque dans les années 1950.

Le 52, rue Saint-André-des-Arts aujourd'hui

Le 52, rue Saint-André-des-Arts aujourd'hui

La même adresse. Les coiffeurs de proximité ont déserté la rue depuis bien longtemps, laissant place à des magasins de mode où on ne rase plus gratis.

La place Maubert

La place Maubert vers 1900

Un petit détour vers l’est pour arriver place Maubert. On la voit ici au début du XXème siècle, avec sa statue d’Etienne Dolet, écrivain et imprimeur du XVIème siècle qui fut condamné pour hérésie et brûlé avec ses livres en 1546, à cet endroit précis. André Breton, dans Nadja, immortalisera ce monument qui plonge son narrateur dans un malaise inexplicable.

La place Maubert aujourd'hui

La place Maubert aujourd'hui

La statue d’Etienne Dolet a disparu. Ce n’est ni un coup de l’Eglise, ni du narrateur de Nadja, ni des urbanistes de la Mairie de Paris. Elle fut détruite sous l’Occupation.

Rue de la Montagne-Sainte-Geneviève vers 1900

Rue de la Montagne-Sainte-Geneviève vers 1900

On remonte la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, jusqu’à apercevoir le clocher de l’église Saint-Etienne-du-Mont, à peu près à l’époque où Huysmans lui consacrait un long passage dans En Route (1895), la décrivant comme l’une des plus belles églises de Paris.

La rue de la Montagne-Sainte-Geneviève aujourd'hui

La rue de la Montagne-Sainte-Geneviève aujourd'hui

Le débouché de la rue est plus large, les murs sont plus propres: les touristes qui viennent photographier le Panthéon ont remplacé les étudiants pauvres qui se saoulaient dans les gargottes de la montagne Sainte-Geneviève, sous l’égide de Pascal et Racine, tous deux enterrés dans l’église Saint-Etienne-du-Mont.

Le Bal Bullier, avenue de l'Observatoire

Le Bal Bullier, avenue de l'Observatoire

Rue Soufflot, boulevard Saint-Michel… on longe le Luxembourg pour arriver à Port-Royal, ce quartier qui, selon Balzac, n’en est pas un. Il l’est encore moins depuis que le Bal Bullier, où le Quartier latin est venu s’encanailler de 1804 à 1940, a été détruit et remplacé par…

Le Centre Bullier du CROUS de Paris

Le Centre Bullier du CROUS de Paris

… ça. Pour les nostalgiques, une brasserie sur le carrefour a repris le nom de cet endroit mythique qui, soyons honnêtes, était sur ses dernières années devenu un bordel plus qu’autre chose. Le fronton du bal, que l’on voit sur la photo précédente, a été détruit. Il y avait écrit dessus « Salvatit et placuit« , « il sauve et apaise ». On ne peut pas en dire autant du CROUS.

Saint-Germain-des-Prés au début du siècle

Saint-Germain-des-Prés au début du siècle

On ne pouvait pas clore cette promenade sans passer par l’endroit qui, peut-être plus qu’aucun autre, symbolise à lui seul la mutation du quartier: Saint-Germain-des-Prés. A l’époque où cette carte postale est éditée, on est encore loin des pétillantes heures du jazz et de l’existentialisme. C’est encore le faubourg Saint-Germain de Marcel Proust et de l’hôtel particulier des Guermantes. Un vieux monde qui s’apprête à mourir, et à laisser place au tumulte d’une jeunesse…

Saint-Germain-des-Prés version 2000

Saint-Germain-des-Prés version 2000

… qui vieillira à son tour.

David Caviglioli

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Connais toi toi-même…

Le Figaro nous livre une enquête édifiante sur la… tribu du Quartier Latin! Les « intellos mais pas trop »…

«Étudiants et profs d’un côté, familles bien installées poussant le landau au Luxembourg de l’autre, ils ont la culture à leur porte et une vraie exigence. À la fois les cinémas populaires, les salles d’art et d’essai, le plus important réseau de librairies et des théâtres proches». Portrait robot d’un quartier haut en couleurs, que nous propose le Figaro, lui-même très lu dans les allées du Luxembourg et sur les tables du Flore ou des Deux Magots…

Leur livre préféré, selon le quotidien? Le Lièvre de Patagonie, de Claude Lanzmann (Gallimard). Ouvrez l’œil, dressez l’oreille… les conversations au coin de la rue doivent déjà bruisser de références toutes lanzmaniennes.

Le jazz occupe toujours une place de choix dans leurs cœurs, suivi maintenant de près par Olivia Ruiz, Calogero et, plus inattendu… le rappeur Kery James!

Leur film préféré est, de loin, OSS 117… Des bobos «intellos mais pas trop», on vous l’avait bien dit!

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Quartier Latin: le chant du cygne des identitaires

dsc003093Depuis quelques semaines, d’étranges autocollants ont fleuri sur les murs et lampadaires du Quartier Latin. On peut y lire ici ce slogan: « Affairistes, racailles, bobos: libérons Paris », ou y voir là un guerrier apache qui invite à réagir « pour ne pas finir comme eux ». De couleur bleu blanc rouge, ces autocollants  font référence à un certain « Projet Apache ». Lire la suite

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Menus de crise…

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Inondation de 1910: appel à contributions

Le Quartier Latin, nouvelle Venise ? On a du mal à le croire, pourtant il y a bientôt cent ans, les habitants ont vécu un moment les pieds dans l’eau. En janvier 2010, une grande exposition commémorera le centième anniversaire de la crue de 1910. Les habitants sont invités à participer en faisant connaître leurs documents historiques : cartes postales anciennes, clichés d’époque, articles de presse, correspondance en relation avec l’inondation…

En janvier 1910, le niveau de la Seine avait connu des sommets jamais atteints et avait mis deux mois à retrouver un niveau normal. Mais entre temps, la crue de la seine aura meurtri la capitale, laissant de nombreuses traces de son passage sur le pavé et dans l’esprit des Parisiens. De nombreux documents d’archive seront présentés et expliqués  par le Conseil de Quartier Saint-Germain-des-Prés, avec le soutien de la Mairie du 6e.

Renseignements

le 06 82 55 20 88 ou par courrier électronique contact@crue1910.com

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La Filmothèque du Quartier Latin fête le printemps avec Fellini

Les amoureux de cinéma pourront (re)découvrir leurs classiques à la filmothèque du Quartier Latin. A partir du 15 avril, c’est l’immense figure italienne de la réalisation, Federico Fellini, qui sera à l’honneur. Le moyen pour tous de se plonger dans l’univers exubérant et fantasmagorique d’un des plus grands conteurs du cinéma, magnifiquement servi par les musiques de Nino Rota.

Huit films sont présentés : LES NUITS DE CABIRIA, LES VITELLONI, LA DOLCE VITA, LE CHEIK BLANC, LA CITE DES FEMMES, ET VOGUE LE NAVIRE, REPETITION D’ORCHESTRE et GINGER ET FRED.

La Filmothèque du Quartier Latin

9, rue Champollion, Paris 5ème

01.43.26.84.65

Métro Odéon, Cluny

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Journée ordinaire à la Sorbonne…

La rue est encombrée: les camionnettes des forces de l’ordre sont stationnées, professeurs et étudiants sont bloqués à l’entrée, les tracts passent de main en main. Mais à y regarder de plus près, certains tracts, eux, ne sont pas ordinaires. Aujourd’hui, celui qui attire l’attention est d’un genre particulier: signé UMP CAMPUS, il invite les étudiants à «penser par [eux]-mêmes». Lire la suite

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Exigence au rendez-vous du Printemps du cinéma

C’est le printemps. Mais certains préfèrent s’enfermer dans les salles obscures. Aux longues promenades dans le jardin du Luxembourg, ils ont préféré patienter dans de longues files d’attente, devant les cinémas du Quartier Latin. Eux, ce sont les milliers de Parisiens qui ont profité du Printemps du cinéma, qui a eu lieu dimanche 22, lundi 23 et mardi 24 mars.

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Le Quartier Latin à couteaux tirés

Ding Dong. La cloche de Roger retentit. Sortez vos couteaux! Préparez vos lames! Non, ce n’est pas la guerre civile au Quartier Latin. Juste la tournée de Roger Henri, rémouleur à Paris, depuis quarante ans. Avant lui son père et sa mère battaient aussi le pavé parisien. Rémouleur… un métier qu’on aurait presque oublié. Pourtant c’est lui qui aiguisa longtemps les ustensiles de cuisine de nos grand-mères.

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Ni Roger ni ses parents n’ont connu le temps où le maître rémouleur devait aussi affûter les poignards et les épées des gentilshommes, sur une petite meule ambulante qu’il tournait avec ses pieds. Mais dans leur carriole, le même équipement: deux tours en pierre, de quoi affûter les lames de tous les restaurateurs à des kilomètres à la ronde. Lire la suite

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Cinéma et Droits de l’Homme se conjuguent au Quartier Latin

Avant chaque séance, la queue est longue devant le cinéma Action Christine

Avant chaque séance, la queue est longue devant le cinéma Action Christine

«Ça la fout mal de refuser quelque chose dont l’intitulé contient les mots Droits de l’Homme». Quand on demande à Bruno Gaccio pourquoi il a accepté d’être membre du jury de la 7ème édition du Festival International du Film des Droits de l’Homme (FIFDH), la réponse fuse. Interrogé par notre rédaction, il en convient lui-même: d’habitude, il fait «des trucs plus marrants», mais cette fois, le jeu en vaut la chandelle.

Parmi les documentaires présentés, de nombreux sont des inédits en France. Mais les éditions précédentes de ce Festival ont montré qu’il pouvait servir de tremplin pour les films. La preuve avec «Thomas Sankara, l’homme intègre», de Robin Shuffield, d’abord passé à Paris avant d’être régulièrement présenté dans de nombreux pays africains. De lauréat, Shuffield est aujourd’hui devenu juré. Comme les cinq autres membres du jury, il doit départager près d’une trentaine de documentaires, tous projetés au cinéma Action Christine, dans le 6ème arrondissement.

Stéphane Hessel, membre du jury 2009

Stéphane Hessel, membre et... doyen du jury 2009

«Restons vigilants»

«A deux pas d’Odéon, entre Saint Michel, la Sorbonne et le Panthéon, le cinéma Action Christine est central et plutôt bien entouré», explique Vincent Mercier, directeur du Festival International du Film des Droits de l’Homme (FIFDH). Même avis de Stéphane Hessel, membre du jury 2009 du FIFDH qui souligne que le Quartier Latin, au cœur de la capitale, est un lieu chargé d’histoire. C’est ici même que lui et d’autres ont rédigé la Déclaration universelle des droits de l’Homme, il y a 60 ans. Ici encore que les idées révolutionnaires, venues des Lumières ont émergé.

Le message principal du Festival tient en deux mots: «Restons vigilants». Yamina Benguigui, adjointe au Maire de Paris, chargée des droits de l’homme et de la lutte contre les discriminations, qui avait livré à l’automne 2008 un documentaire intitulé «9/3 histoires d’un territoire», l’a rappelé: «il existe des zones de non-droit à quelques minutes à peine de ce cinéma». Et de citer le cas des prisons et de certains quartiers, où des hommes et des femmes sont privés de leurs droits. A ses côtés, Marie-Monique Robin, réalisatrice du «Monde selon Monsanto», est là pour rappeler que la question des droits de l’Homme est présente jusque dans nos assiettes, voire dans… un grain de maïs.

A ne pas rater:

«En prison toute ma vie», traduit en français pour le Festival, en avant-première en France, revient sur le cas Mumia Abu Jamal, journaliste et ancien membre des Black Panthers condamné à mort en 1982. Retour sur le parcours d’un prisonnier politique en attente de son exécution depuis plus de vingt ans…

«D’une seule voix», un documentaire sur une troupe de chant et de danse mêlant Israéliens et Palestiniens, le temps d’une tournée de trois semaines en France. Tensions, échecs et victoires à la scène, à la ville et dans les coulisses…

Infos Pratiques: 5 euros la séance. Tarif réduit: 4,50 euros

Cinéma Action Christine, 4, rue Christine, 75006 Paris

01 43 25 85 78

Métro: Odéon ou Saint-Michel

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