Antennes-relais: qu’en pensent les habitants du Quartier Latin?

Le Latin de Paris a interrogé quelques habitants des Vème et Vième arrondissements pour savoir s’ils pensent que téléphoner tue. Réponses.

Ludovic, 24 ans, étudiant

DSC00327«J’ai vaguement entendu parler du problème. Il y avait un papier dans Libération ce matin, qui parlait des antennes-relais et des ondes wifi, des conséquences que cela pouvait avoir sur la santé. Il me semble aussi que le syndic de l’immeuble (j’habite au rue Vaugirard) a envoyé un courrier, mais je n’y ai pas trop prêté attention. En revanche, ça semble préoccuper les personnes âgées – et Dieu sait qu’il y en a dans le quartier.

Je pense que ces ondes ont un impact sur la santé, mais la question serait plutôt de savoir ce qui n’en a pas. On vit dans un monde cancérigène de toutes les façons: la cigarette, la bouffe de supermarché, le dioxyde de carbone rejeté par les voitures, les récipients en plastique bourrés d’oestrogènes. En ce qui concerne les antennes plus particulièrement, je n’ai pas vraiment ressenti d’effets: quelques maux de tête, peut-être. Mais vous savez, dans le quartier, on somatise beaucoup.

J’ignorais totalement qu’un «Grenelle» des antennes-relais s’était tenu. J’ignore ce qui pourrait en sortir, mais bon, je ne suis pas naïf : la téléphonie est une industrie tentaculaire. En plus, pour agir, il faudrait prouver que ces ondes sont vraiment nuisibles, et les médecins ne sont jamais d’accord.

Il y a un an, j’avais lu des recommandations quant à l’utilisation du téléphone portable. Je me contente de ne pas le mettre près de mon coeur ou de ma poitrine. Je sais qu’il faut utiliser le kit mains-libres, mais je ne le fais pas. Les oreillettes, je trouve que ça donne l’air con. Comme ces personnes qui parlent toutes seules dans la rue. Puisqu’on aura tous une tumeur au cerveau, autant s’efforcer de rester élégant.»

Laure, 28 ans, cadre

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«Les antennes-relais, je dois avouer que je n’en sais pas grand-chose. J’ai surtout entendu dire que ça pouvait nuire aux enfants. Je suppose qu’il doit y avoir une antenne près de chez moi, mais je ne sens aucun effet. Je m’efforce de suivre les recommandations basiques sur l’utilisation de son téléphone – j’utilise de plus en plus le kit mains-libres. C’est vrai, quand j’y pense, qu’on sent que le téléphone chauffe sur l’oreille. Pendant un moment, j’ai arrêté de le mettre dans ma poche, mais je me suis remise à le faire. S’il devient certain qu’il y a un risque, alors je ferai attention.»

Nicolas, 48 ans, journaliste

DSC00329«Je connais très bien le problème. J’ai travaillé sur la question comme chargé d’étude pour une revue médicale (je précise que je ne suis pas médecin). Il faut le dire: les ondes des antennes-relais ne sont pas dangereuses pour la santé. On oublie qu’on se prend les ondes de nos télévisions depuis des années. Les scientifiques ne sont jusqu’à ce jour parvenu à rien d’autre qu’à des suppositions. Et il faut arrêter avec les fantasmes: l’industrie de la téléphonie n’est absolument pas capable de bloquer la recherche. Qu’ils mettent sur pied des contre-études douteuses, je veux bien. Mais si un chercheur au CNRS ne parvient pas à prouver que ces ondes ont un impact fortement nuisible sur la santé, il n’y a pas de raison de mettre son intégrité en doute. Ces tests sont objectifs.

Le problème, c’est que le principe de précaution, on peut l’appliquer partout. Nous avons affaire à un phénomène psychologique, une sorte de psychose collective. Regardez le «Grenelle» des antennes-relais qui s’est tenu ces derniers jours: du côté des décideurs, on sait qu’il n’y a pas vraiment de danger. Mais le public, lui, est inquiet et favorable à une réglementation sévère. Pour ma part, je ne suis aucune des recommandations édictées par le ministère de la Santé, qui à mon avis ne sont destinées qu’à calmer les inquiétudes des gens. Bien sûr, il y a peut-être un risque. Mais si l’on cherche à se protéger absolument de tout risque, on arrête tout. C’est un débat scientifique: la science seule doit apporter des réponses. Au lieu de cela, on assiste à un combat de croyances.»

Claudine, 67 ans, comédienne

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«Ces antennes-relais, c’est catastrophique: voilà ce que j’en pense. Alors oui, on n’a pas de certitudes, mais on a quand même de sérieux doutes sur notre intolérance à ces ondes. J’ai vu un reportage à la télévision où des médecins parlent de patients qui ressentent des troubles. J’ai lu un article dans la Canard enchaîné aussi, sur le même sujet. Moi je dis: tant qu’il y a un doute, il faut être prudent. On ne va pas prendre le risque de tuer des millions de gens, tout de même. Il faut que les compagnies de téléphonie se responsabilisent. Pour ma part, je ne suis pas les recommandations de prudence quand j’utilise mon téléphone. Ce n’est pas aux individus de se protéger, c’est à l’industrie de ne pas nous mettre en danger. Et puis de toute façon, je ne me sers presque pas de mon portable.»

2 Commentaires

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2 réponses à “Antennes-relais: qu’en pensent les habitants du Quartier Latin?

  1. Excellent article car on retombe exactement dans les travers de la société actuelle:
    le seul témoignage qui dit « je connais bien le problème » fini par « les ondes des antennes-relais ne sont pas dangereuses pour la santé » en comparant avec les ondes hertziennes.

    Seul souci: ce ne sont pas les mêmes fréquences, avec les GSM et Wifi nous sommes dans les GHz!
    Ou comment comparer l’incomparable…

    C’est sûr qu’entre le traitement du signal (nom de la science des ondes notamment) et le journalisme il y a un gouffre sans fond…

    Il n’y a qu’à voir l’état du « journalisme scientifique » dans la presse française et les médias en général.

  2. Le danger des ondes est largement sous-estimé. Une étude scientifique a montré qu’elles interfèrent avec les amalgames présents en bouche, ce qui accroit la libération de mercure :
    http://www.holodent.com/article-24489163.html

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