La Mutualité menacée

Le Palais de la Mutualité, bastion parisien du militantisme politique, pourrait bientôt changer de mains. Dans la foulée, les centres médicaux qui la jouxtent seraient fermés.

L’inquiétude des salariés de la « Mutu » ne fait que croître depuis décembre dernier. La Fédération Mutualiste Parisienne (FMP) qui la possède a annoncé la fermeture des centres médicaux Saint Victor et Mutualité pour 2009. Rapidement, la rumeur d’une vente du palais des congrès se propage. Après le refus de son plan de redressement par l’Acam (Autorité de contrôle des assurances et des mutuelles), le groupe est placé sous administration provisoire. Son avenir ne lui appartient plus.

Depuis, le flou règne sur le sort des employés et des bâtiments. « Rien n’est précis, il y a une multiplication d’informations mais on ne nous a présenté aucun texte » déplore Martine Masson-Chrétien, habitante du quartier et membre du Parti de Gauche.

Les salariés ont manifesté en décembre pour protester contre l’éventuelle suppression de 550 emplois mais n’ont obtenu aucune réponse. « On ne sait rien », renchérit Laure, une employée du centre qui ne souhaite pas donner son nom. « Tout le monde le vit mal, l’ambiance est déplorable ». Et de soupirer : « Si on savait à quelle sauce on va être bouffés. »

Une fermeture des centres et un changement de mains de la salle de congrès bouleverserait l’arrondissement. « La Mutualité abrite deux des plus importants centres de santés parisiens, que l’on a déjà beaucoup de mal à protéger en ce moment», confie un membre du Cabinet de Ian Brossat, Président du groupe communiste au Conseil de Paris.

Les centres de la Mutualité sont aujourd’hui considérés par beaucoup comme l’un des centres de soins parisiens les plus abordables à destination d’un public modeste. 188 médecins y consultent quotidiennement sans dépassement d’honoraires et pratiquent le tiers payant.

Quant à la Maison de la Mutualité, elle occupe une place à part dans la vie politique parisienne depuis sa fondation en 1949. Surtout pour la gauche, proche du mouvement mutualiste. « C’est un haut lieu historique de la gauche, et à titre symbolique c’est important pour nous», ajoute le conseiller de Ian Brossat.

La plupart des partis de gauche le PCF, le PG, le MRC, le POI, les Verts, les Alternatifs – à l’exception du PS – ont donc lancé une pétition commune contre la fermeture des centres et la « transformation de la Maison de la mutualité en Palais de conférence de luxe ». Aux dires de Christine Djankoff, habitante du quartier, cette pétition a reçu plus de 2000 signatures.

Les partis de gauche ont même reçu le soutien du maire UMP du Vème arrondissement Jean Tiberi. Le conseil du quartier a demandé à la Ville de Paris, à l’Etat et à la Fédération Nationale de la Mutualité Française de « tout mettre en œuvre pour le maintien des centres de santé. » Mais aucun des trois n’a pris d’engagements à ce jour.

La FMP a proposé début mars un plan de sauvetage proposant de confier la gestion du Palais de la Mutualité à un sous-traitant et d’associer la FMP avec d’autres mutuelles conventionnées pour permettre de maintenir des activités de santé. Un nouveau projet sur lequel l’Acam devrait se prononcer le 8 avril. »On sera fixé à la fin du mois, » se contente d’affirmer Cécile Espaignet, représentante de la FMP.

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